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J'ai quitté la classe

Dernière mise à jour : 16 janv. 2021

Depuis des semaines je cherche les bons mots pour vous l'annoncer, mais je ne les trouve pas. Ce que j'écris ci-dessous est un cri du coeur sans filtre de ce qui m'a amené à vous annoncer ça ce soir. Parce que oui, j'ai lâché l'enseignement.

Avant de continuer je veux être clair. Je ne quitte pas à cause de mon milieu, je ne quitte pas à cause de mes collègues ni à cause des enfants. Plusieurs seront probablement sous le choc que je quitte. Moi aussi je le suis.


Je quitte la classe parce que je suis tanné d'en faire plus avec moins.

Je quitte la classe parce que je suis tanné de "choisir" quel élève en difficulté aura le droit à de l'orthopédagogie.

Je quitte la classe parce que je suis tanné de voir la détresse dans les yeux de certains enfants qui n'ont pas de services par manque de budgets ou de personnel.

Je quitte la classe parce que je suis tanné de voir dans les yeux des gens en dehors du système le manque de considération de mon opinion professionnelle.

Je quitte la classe parce que j'en peux plus des promesses non tenues de nos dirigeants politiques et syndicaux.

Je quitte la classe parce qu'étonnement mon salaire me permet d'arriver à peine à la fin du mois dans mon budget de personne célibataire qui vit seul avec un chien.

Je quitte la classe parce que je suis méprisé de plusieurs façons dans mon travail: par les paroles du gouvernement, par les gens qui m'entourent, par mon assurance médicale qui augmente sans nouveau service malgré une "négociation", etc.

Je quitte la classe parce que je suis passionné, comme n'importe qui d'autre, et je sens " que je m'éteins" chaque jour.

Je pourrais m'éterniser, mais vous avez compris le message.


L'année 2020 a été remplie de questionnements, de doutes et de changements dans ma vie personnelle et professionnelle. Déjà en quittant le baccalauréat, je savais que je ne ferais pas les 35 années de services requis. Pourtant, j'étais très préparé à affronter la réalité. Je me trouve chanceux d'avoir eu des chargés de cours qui ont osé nous dire ce qui se passe pour vrai dans les classes. Malgré tout, le doute s'est installé pendant l'année et je fais partie des fameuses statistiques. Je fais partie du 20% (25%?) qui quitte le bateau pendant les 5 premières années.


Outre les conditions de travail difficiles, que les gens qui travaillent dans le domaine de l'éducation peuvent réellement comprendre, je quitte aussi pour d'autres raisons.


Je quitte la classe parce que ma santé mentale en dépendait.

Je quitte la classe parce que je me sentais "pris" dans mon travail d'enseignant.

Je quitte la classe parce que j'ai besoin d'avoir des possibilités d'avancement qui nourrissent mes ambitions.

Je quitte la classe parce que j'ai besoin d'une plus grande reconnaissance que celle de mes collègues et de ma direction qui me félicitent pour mes bons coups.

Je quitte la classe parce que je veux reprendre contrôle sur ma vie plutôt que de mettre mes besoins au profit de mes élèves et des familles que j'accompagne dans leur détresse.

Je quitte la classe parce que j'aime enseigner, mais pas toutes les autres tâches connexes.

Je quitte la classe parce que j'aime mes élèves et je ne suis plus l'enseignant que j'ai déjà été en stage ou pendant les 2 dernières années.

Je quitte la classe parce que je sais que c'est le bon moment.


J'ai remis ma démission le 4 janvier dernier. Depuis, j'angoisse à la façon de vous l'annoncer, de l'annoncer à mes collègues, de l'annoncer aux parents, de l'annoncer aux enfants. J'angoisse de lire les réactions à la suite de mon départ. J'angoisse parce que je ne veux pas décourager des étudiants et des étudiantes en enseignement qui rêvent de leur classe. Je ne quitte pas parce que je n'aime pas enseigner, je quitte parce que j'ai besoin de changement et de voir ailleurs. Est-ce que la pandémie a précipité les choses? Tout à fait, mais j'aurais fait le changement tôt ou tard.


Vendredi sera ma dernière journée de travail. Je l'anticipe beaucoup, mais j'ai hâte à la suite des choses. Je pensais me rendre jusqu'à la fin de l'année, mais une opportunité de carrière s'est présentée à moi juste avant le congé des fêtes. J'ai soumis ma candidature sans trop savoir à quoi m'attendre. J'ai été convoqué à deux entrevues et j'ai été choisi. Je commence mon nouvel emploi le 18 janvier prochain et j'ai très hâte. Ce nouveau défi professionnel me motive au plus haut point et pour la première fois depuis plusieurs mois, je me sens heureux et bien dans ma tête. Je n'écrirai pas où je m'en vais et quelles sont mes nouvelles fonctions, mais sachez que si vous cherchez à quitter les opportunités sont multiples pour nous.


Qu'adviendra-t-il de "La photocopieuse de M. Jason"? Ma page, mes créations et ma compagnie sont là pour rester parce que je suis encore immensément passionné par elles. Ma page nourrit mes ambitions, mes besoins d'avancement et mon besoin de créer. Je sais que mon départ de la classe affectera probablement ma compagnie et mon contenu éventuellement, mais je souhaite que vous demeurez au rendez-vous. Je souhaite que mes futures créations vous intéresseront toujours. Vous êtes devenus une immense partie de ma vie et je ne vous remercierai jamais assez d'être là à me suivre, à m'écrire, à m'écouter et à réagir.


Je suis un peu sous le choc de quitter le bateau. Je n'aurais jamais cru écrire ça aussi rapidement dans ma carrière, mais je suis rendu là. Je sais que je vais en décevoir certains en quittant et j'en suis sincèrement désolé.


Enfin, pour une dernière fois.

Je quitte parce que j'en ai fait assez.

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