L’enseignement de la grammaire a toujours été un défi pour moi. Déjà lors de mon entrée au baccalauréat en enseignement primaire, j’avais beaucoup de difficulté écrire en faisant peu d’erreurs. Au primaire, nous avions appris « par cœur » la plupart des règles de grammaire sans trop comprendre pourquoi elles s’appliquaient comme ça. Pendant mes études, j’ai eu la chance d’avoir un cours de grammaire où j’ai pu prendre contact avec la nouvelle grammaire et vivre des activités de niveau primaire. Ce cours avait été comme une illumination face aux français et ses règles grammaticales. Je vais toujours me rappeler de la chargée de cours qui avait dit
« Le français c’est comme des mathématiques. Tu additionnes les mots ensemble et ça forme une équation avec des règles. C’est logique comme 1+1. »
Ça m’avait marqué. Depuis mon entrée dans la profession, j’ai toujours cherché à trouver des moyens pédagogiques qui me permettraient d’atteindre ce même niveau de logique auprès de mes élèves. L’utilisation de la phrase 0 faute au 1er cycle (la dictée 0 faute au 2e cycle) est un des moyens que je privilégie en classe. Je mentionne tout de suite que je n’invente rien ici. Cette stratégie pédagogique a toujours existé. Par contre, elle semble gagner en popularité depuis quelques années. Le Ministère de l’éducation propose plusieurs documents utilisant des moyens innovants pour l’enseignement de l’orthographe. Vous pouvez consulter leurs suggestions en cliquant ici.
Avant de débuter l’activité, je compose une phrase à partir des mots fréquents et des mots d’orthographe enseignés. La phrase n’a souvent aucun sens, mais ce n’est pas important. Tant que c’est une phrase syntaxique qui fonctionne, mon objectif demeure le même. Ce dernier est d’amener les élèves à réfléchir sur l’écriture d’un mot en questionnant son orthographe. Parfois, je dois intégrer certains mots en dehors des listes pour aider la construction de la phrase. Selon mon jugement professionnel et les compétences des enfants, j’écris ces mots au tableau pendant la dictée de la phrase. Ces mots peuvent parfois être trop difficiles selon le son à écrire la longueur du mot. Je préfère qu’ils se concentrent sur d’autres parties de la phrase qui sont plus gagnantes pédagogiquement pour développer leurs réflexions. À l’école où je travaillais, nous utilisions le matériel proposé par le site des « Superprofs » que vous pouvez consulter en cliquant ici.
Ma démarche
Pour commencer, les élèves préparaient leurs cahiers d’écriture en écrivant la date afin que je puisse documenter leur progression et avoir des traces pour observer leur compétence à écrire. Une fois tous les élèves prêts, je débutais l’activité en suivant les étapes suivantes :
1. Lecture de la phrase complète à voix haute.
2. Relecture à voix haute progressive de la phrase quelques mots à la fois.
a. Lors de la relecture des mots, je faisais attention à la prononciation des mots. Je m’assurais de prononcer correctement les mots et les sons afin d’éviter de provoquer des erreurs d’orthographe.
3. Relecture finale de la phrase complète à voix haute.
4. Collecte des cahiers.
5. Vérification rapide s’il y a des phrases 0 faute.
6. Écriture de la phrase au tableau en modélisant les stratégies d’écriture à voix haute.
Cette séquence s’étendait sur 45 à 60 minutes le matin. Cela peut sembler long pour nos petits élèves, mais ils étaient motivés par le défi de la phrase 0 faute. Tous mes élèves se mobilisaient et voulaient réussir l’objectif. Il ne m’était jamais arrivé de recevoir une phrase 0 faute lors de mon passage au 1er cycle, mais plusieurs élèves s’y rapprochaient terriblement! C’était incroyable de voir la progression de certains élèves.
La place du questionnement pendant la dictée
Au 1er cycle, poser une question demeure un objectif ambitieux. Les élèves sont souvent très maladroits dans leurs questions et énoncent plutôt des commentaires. Lors des premières périodes de phrases 0 faute, je modélisais énormément les questions et je reformulais pour eux plusieurs d’entre elles. Au fur et à mesure que les semaines passaient, les élèves devenaient meilleurs pour poser leurs questions. Lors des questionnements, je les relançais en faisant référence aux outils utilisés en classe et aux différentes manipulations grammaticales apprises en classe. Ces échanges favorisaient leur réflexion et était profitable pour tous les autres élèves. Lors de l’échange, j’orientais discrètement les élèves vers la bonne réponse afin de les aider à raisonner correctement.
À la fin de la phrase, je faisais un exercice d’écriture de celle-ci au tableau en modélisant toutes les stratégies d’écriture enseignées en classe. En faisant cette modélisation-là, j’offrais aux élèves un exemple explicite de raisonnement grammatical pour arriver à écrire correctement les mots et les sons demandés.
Pour en savoir plus sur la dictée 0 faute
Tel que mentionné plus haut, je n’ai rien inventé. De plus, ma démarche n’est pas 100% fidèle aux stratégies proposées par les travaux effectués par Marie Nadeau et Carole Fisher. D’ailleurs, ces deux femmes ont produit des travaux de vulgarisation et de recherche exceptionnels sur la démarche des dictées 0 faute ainsi que les dictées phrase du jour. Je vous recommande fortement d’aller lire sur le sujet en consultant leur groupe Facebook du même nom. Vous pouvez aussi cliquer le lien pour vous rendre.
Bon succès dans vos dictées 0 faute. N’oubliez pas que le progrès est lent et se voir à long terme!
Pour plus d’idées de phrases
Utilisez mon document « phrase du jour » pour avoir plusieurs phrases déjà construites utilisant les mots d’orthographe de 1re année. Affichez-les pour l’activité quotidienne ou utilisez la phrase dans le contexte d’une phrase 0 faute. Cliquez l’image ci-dessous pour consulter mon document.
Le même document existe pour la 2e année avec des phrases différentes. Découvrez-le en cliquant l'image ci-dessous.
