top of page
  • Photo du rédacteurJason

Évaluer à l'aide des entrevues



Comme élève j'ai toujours trouvé les évaluations de connaissances difficiles et angoissantes. Comme enseignant, je vis la même angoisse puisque je sais que mes élèves la vivent aussi. De plus, je me questionnais beaucoup sur cette pratique. Je trouvais contradictoire d'évaluer les connaissances directement alors que nous sommes censé évaluer à l'aide de compétences. Depuis le début de mes études, je me suis toujours questionné sur l'évaluation. C'est un processus évolutif qui, selon moi, doit s'adapter aux réalités de chaque groupe. Malgré que l'on doive tous répondre à des normes standardisées à l'échelle provinciale, je crois que chaque enseignant devrait être libre de choisir ses méthodes d'évaluations. À la suite de discussions avec des collègues, CP et ressources au sein des milieux universitaires, notre conclusion est qu'au final l'évaluation doit être utile à l'apprentissage et non le contraire. Enfin, l'évaluation nous permet de "prendre une photo" des compétences de l'enfant à un moment donné dans l'année plutôt qu'une accumulation de notes.


Mon éditorial terminé, toutes ces discussions m'ont amené à changer mes méthodes et à m'intéresser aux entrevues individuelles avec les élèves. Ces moments privilégiés avec chacun de mes élèves me permet de bien saisir leur compétence dans un domaine spécifique et de le voir en action. Certes, cette méthode d'évaluation prend beaucoup de temps, mais en vaut la chandelle! Dans le présent article, je présente mes méthodes pour construire mes entrevues, les utiliser en classe et ce que j'en fais une fois toutes terminées.


Préparer mes entrevues


Pour commencer, j'utilise mes entrevues pour évaluer et observer les processus en grammaire/écriture et en mathématiques de mes élèves. Avant de commencer à construire mon entrevue, je dresse la liste des contenus enseignés et pratiqués en classe que je considère que mes élèves devraient maitriser de manière autonome. Une fois la liste construite, je cible les contenus que je désire vérifier à l'aide de mon entrevue. Je ne vérifie pas tout ce qui a été enseigné, ce serait beaucoup trop long. Je vise ce que je considère essentiel et ce que le programme considère comme essentiel.


Mes entrevues sont souvent construites autour de deux tâches. Par exemple au 2e cycle, lorsque je réalise une entrevue de grammaire mes questions sont construites à partir de deux phrases modèles. Chaque phrase cible des contenus différents et spécifiques. En mathématiques, les questions sont séparées selon le domaine. En fonction de ce qui est évalué, je prépare ou non du matériel de manipulation si l'élève y a droit.


Mes questions d'entrevue sont listées dans un tableau et la réponse attendue de l'élève y est mise en évidence pour simplifier ma tâche. Enfin, les notations sont divisées en trois catégories.

  • Sans aide

  • Avec aide

  • Aucune réponse

Chaque niveau est associé à une pondération pour m'aider avec la notation chiffrée du bulletin unique. Le niveau "Sans aide" est réussi lorsque l'élève répond à ma question sans que j'intervienne. Le niveau "Avec aide" est réussi lorsque l'élève répond à la question, mais que j'ai dû intervenir pour soutenant sa réflexion. Enfin, le niveau "Aucune réponse" est lorsque l'élève ne répond pas peu importe mes interventions pour le pister. Ci-dessous est un exemple d'entrevue construit pour un de mes groupes de 3e année à la première étape. Les phrases écrites en haut de chacun des tableaux étaient imprimées en grand format pour aider les élèves et leur permettre de manipuler les mots.


Réalisation de mes entrevues


Une fois mes entrevues bâties, je commence à les réaliser deux semaines avant la fin de l'étape. Je commence habituellement par mes élèves dont je ne me pose aucune question. Ces élèves sont ceux qui, selon moi, dépasserons ou répondrons aux attentes. Je commence par eux puisque peu importe le moment où je les passe en entrevue, le résultat final serait le même. Je termine avec mes élèves en difficulté pour leur donner le plus de temps possible pour comprendre ce qui est enseigné. De plus, mon portrait de ces élèves est plus précis puisqu'il est plus proche de la date de fin d'étape.



Pendant les entrevues, le reste du groupe est en période de travail autonome, en période d'ateliers ou ils écoutent un film en lien avec les privilèges de classe obtenus. En plus de ces moments, j'utilise tous les autres moments possibles: lecture autonome, jeux libres, récupération, etc. Pour assurer les meilleures conditions possibles à l'entrevue, je me retire dans le corridor avec l'élève tout en gardant un oeil sur mon groupe. Tout cela peut sembler effrayant, mais en ayant débuté les ateliers dès la rentrée mes élèves sont déjà plus autonomes et capables d'être laissés "seuls" pendant quelques périodes.


Et après?


Une fois toutes mes entrevues réalisées, je compile les résultats pour m'aider avec la production du bulletin. En plus, je crée aussi un portrait de groupe. Pour y arriver, je prends une entrevue vierge et je remplis les cases selon le nombre de réponses totales obtenues. Par exemple, je note dans ma grille vierge toutes les réponses obtenues à la question 1. Selon le nombre de crochets dans chacune des catégories, je peux avoir un portrait rapide du niveau de compétence de mon groupe selon la notion. À l'aide de celui-ci, je peux réorienter mon enseignement pour les semaines à venir et apporter les corrections nécessaires à mes interventions de grand groupe.


À l'aide de mes entrevues, je crée aussi mes sous-groupes d'interventions spécifiques en classe. À la lumière des résultats obtenus, je cible 5 élèves qui ont eu des difficultés similaires prioritaires. Une fois ciblés, je débute des interventions en sous-groupe pendant mes périodes d'ateliers. À ce moment-là, ces élèves là bénéficient d'un enseignement répété sur une période de 8 semaines pour donner le coup de pouce nécessaire pour rattraper les autres. J'ai intégré cette pratique à mon horaire de classe depuis 1 an et j'ai vu des résultats positifs en ressortir. Toutefois, si un élève devait résister à mes interventions après les 8 semaines, je demanderais une référence en orthopédagogie puisque j'ai atteint la limite de ce qui était possible en classe.


Les entrevues ont réellement changé ma façon de voir l'évaluation et m'a permis de mieux intervenir auprès de mes élèves en difficulté. La préparation et la réalisation de celles-ci demandent beaucoup de temps, mais je ne les regrette jamais. Mon sentiment d'efficacité en classe est augmenté et je vois une différence marqué dans la classe. Je comprends mieux les besoins de mon groupe et tout ce travail me permet de mieux m'adapter à eux. Enfin, mes entrevues ne seront pas partagées. Celles-ci sont un travail collaboratif entre les CPs de mon CSS et de mes collègues de travail. De plus, ces entrevues ont été bâties selon les besoins de mon groupe et ne conviendraient pas nécessairement au vôtre.

3 704 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page